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le blog de Bourdjolbo TCHOUDIBA

TCHAD: L'OPPOSANT YAYA DILLO EXÉCUTÉ PAR MAHAMAT DEBY ITNO

L'exécution de l'opposant tchadien M. YAYA Dillo Djerou, Président du Parti Socialiste sans Frontière (PSF) par les milices de Mahamat Deby Itno, le 28 février, après une longue cabale juridico-politique et militaire montre à suffisance le degré d'atrocité du recul démocratique dans un pays qui connait un long cycle de violence depuis son indépendance en 1960. Un acte barbare et criminel qui montre que le régime des Déby n'accepte par les controverses ni les contradictions dans une démocratie de façade. La mort de YAYA Dillo qui s'est ajouté au lot des assassinats des opposants politiques à l'image Dr. Ibni Oumar Mahamat SALEH.

Tout a commencé avec la tentative d'assassinat contre M. Abakar TORABI, Secrétaire Général Adjoint chargé de finance du PSF qui a été gravement blessé par balle le 27 février par les hommes de mains de Mahamat Deby ITNO. M. TORABI a été accusé avec YAYA Dillo sans preuve palpable, d'être responsables de la tentative d'assassinat du Président de la Cour Suprême M. Samir ADAM. Une accusation que YAYA Dillo a qualifié de montage par la junte qui chercherait par tous les moyens à son élimination physique avant l'élection présidentielle du 6 mai 2024. Et cela s'était produit ainsi le 28 février quand une série d'attaque violente a été lancé contre le siège de son parti et qui s'était soldé par la mort de YAYA Dillo.  Un opposant qui depuis quelques temps était devenu l'incarnation du changement et luttait pour un État de droit et de justice. 

YAYA Dillo Djerou, d'ethnie Zaghawa, la communauté au pouvoir depuis 1990 est un homme au parcours atypique qui a fait la rébellion avant d'accepter la main tendue de Deby-père, son oncle, afin de rejoindre le gouvernement où il occupera plusieurs postes de responsabilité. Le début du conflit politique et familial qui l'oppose au régime de N'Djamena a commencé en 2020 avec la dénonciation de la Fondation Grand-Cœur de la Première Dame Hinda Deby ITNO qui a causé son licencié de la CEMAC où il était le représentant du Tchad. Ce qui a contribué à sa radicalisation en devenant l'un des opposants le plus farouche du régime des Déby. Une position qui va causer l'assassinat de sa mère, de son fils et de plusieurs blessés le 28 février 2021 après une attaque armée contre son domicile. Il a eu la vie sauve par miracle et a continu son combat politique malgré un contexte très difficile.

À la veuille de l'élection présidentielle du 6 mai après que le Parti Les Transformateurs de Masra Succès à rallier le gouvernement, YAYA Dillo, Président du PSF qui a eu de renfort surtout le ralliement de Saley Deby ITNO, le petit frère d'Idriss Deby ITNO, était devenue le chef de fil de l'opposition et était sur le point de mettre sur pieds une grande coalition des Partis politiques d'opposition pour les élections à venir. YAYA Dillo était devenue ainsi un vrai problème à résoudre rapidement par régime qui est en pleine manœuvre pour la succession dynastique à la tête de l'État.

On comprend clairement les raisons qui ont poussé la junte au pouvoir à l'éliminer politiquement et physiquement YAYA Dillo et quelques membres de son parti après une attaque violente contre le siège de son parti qui représente une institution politique et ceci sans procédure judiciaire quelconque. La défiguration du siège de PSF, criblé de balle d'une ampleur très rare en pleine capitale par des armes lourdes dont les empruntes sur les murs du bâtiment, rasé le lendemain par un bulldozer le prouve à suffisance.

Tué par bal à la tête, la mort de YAYA Dillo est une exécution dont les propos de Max Kemkoye, président de l'UDP viennent corroborer : "quand on regarde les images de la dépouille mortelle de feu M. YAYA Dillo Djerou, c'est un tir à bout touchant. Ce ne pas un tir à bout portant, c'est-à-dire une fois interpellé ont lui a placé un fusil à la tempe pour pouvoir tiré et je vous invite à regarder l'orifice de l'impact du tir".

Cette méthode barbare et criminelle témoigne le non-respect du principe de la soumission au droit, seul gage d'un véritable État de droit qui se caractérise par le non-respect des droits et des libertés, la partialité de la justice au seul service d'un groupe, le non-respect des règles de procédure, le non-respect du principe de la présomption d'innocence, etc.

Cette situation à l'image de celle de 2021 risquerait de créer une crise au sein du haut commandement de l'armée, constitué en grande partie des membres de la communauté Zaghawa. Une crise qui pourrait avoir en général de graves conséquences sur le processus politique en cours et en particulier sur l'élection présidentielle qui se pointe à l'horizon dont Mahamat Deby ITNO est candidat.

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